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Santé

INFOGRAPHIE. Rugby : comment le corps résiste aux chocs

A l'occasion de la Coupe du monde de rugby 2023 qui commence vendredi 8 septembre en France, (re)découvrez notre interview de Jean-François Kaux, spécialiste en traumatologie du rugby, qui détaille pour Sciences et Avenir les blessures causées par la violence des chocs dans ce sport.

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Rugby

La vidéographie de Sciences et Avenir est consacrée au rugby.

© Damien Hypolite

Rupture ligamentaire, déchirure musculaire, fracture, commotion cérébrale... Les blessures sont fréquentes et variées chez les joueurs de rugby, comme vous pouvez le voir dans la vidéographie originale de Sciences et Avenir, visible plus bas. Le corps peut-il se préparer pour mieux endurer les violents contacts entre amoureux du ballon ovale ? Sciences et Avenir a interrogé le Dr Jean-François Kaux, spécialiste en traumatologie du sport au CHU de Liège. Médecin de l’équipe nationale belge, il est notamment l’auteur d’une revue épidémiologique des blessures lors de la pratique du rugby à XV parue en 2014 dans le Journal de Traumatologie du Sport.

"Le choc subi est beaucoup plus violent lorsque vous vous faites plaquer par un joueur qui ne fait plus 90 kg mais 115"

Sciences et Avenir : Le changement majeur de gabarit des joueurs, qui sont beaucoup plus lourds et musclés qu’avant, est-il un facteur favorisant les blessures ?

Dr Jean-François Kaux : L’avènement du professionnalisme dans le rugby en 1995 est à l’origine d’une vraie métamorphose des joueurs. Le choc subi est beaucoup plus violent lorsque vous vous faites plaquer par un joueur qui ne fait plus 90 kg mais 115. Les blessures peuvent être d’autant plus sévères. Mais il est difficile de l’attester épidémiologiquement. Il faudrait faire une étude comparant les blessures actuelles et celles d’il y a plus de 20 ans, ce qui est difficile car la collecte de données n’a vraiment commencé qu’avec le professionnalisme. Ce n’est qu’à partir du moment où les joueurs ont été payés qu’il y a eu un intérêt croissant des institutions du rugby, et surtout des clubs, pour la réduction des blessures. 

En quoi la préparation physique des joueurs permet-elle de limiter le risque de blessures ?

En début de saison par exemple, les tests isocinétiques permettent de détecter d’éventuels déséquilibres musculaires entre les deux jambes ou entre les muscles agonistes et antagonistes d’une même jambe. Parce qu’il est bien documenté que tout déséquilibre musculaire, comme des ischio-jambiers beaucoup plus faibles que le quadriceps d’une même cuisse, entraine un risque de blessure important pour ce groupe musculaire et pour le ligament croisé antérieur de ce côté. Donc les entrainements comportent des exercices de renforcement spécifique des groupes musculaires plus faibles, ce qui permet de diminuer le risque mais pas de l’annuler. Un autre exemple concernant les joueurs des lignes avant, ils travaillent surtout sur le renforcement des muscles de la colonne cervicale et des trapèzes. Le but recherché est de créer une chape musculaire capable de protéger le rachis cervical.

"Le casque ne protège pas de la commotion cérébrale en cas de choc à la tête"

Les règles de la mêlée ont été modifiées pour plus de sécurité des joueurs. Désormais, ce sont les plaquages qui sont les plus traumatisants. Est-ce que là encore, il faut changer les règles ?

L’essence même du rugby est d’empêcher les adversaires d’aller marquer en les plaquant, donc il est difficile de changer cet aspect du "combat collectif". En revanche, certains plaquages dangereux comme les plaquages cathédrales (où le joueur plaqué est retourné tête en bas et jambes en l'air) sont déjà interdits pour éviter des blessures très graves au rachis cervical. Mais des blessures continuent de se produire sur des plaquages fautifs. Il faut probablement réfléchir à les sanctionner encore plus durement.

Les protections que portent les joueurs sont-elles efficaces contre les blessures ?

Le casque permet d’éviter les frictions au niveau des oreilles et les othématomes, les oreilles en choux-fleur, mais ne protège absolument pas de la commotion cérébrale en cas de choc à la tête. Idem pour les épaulières en mousse, elles n’amortissent que très peu. Pire, elles peuvent créer chez les joueurs une fausse sensation de protection. Quand un joueur de 120 kg arrive sur vous à toute vitesse pour vous plaquer, le centimètre d’épaisseur de mousse ne pourra rien pour votre épaule. La seule protection vraiment efficace contre les lésions est le protège-dents. Il évite les lésions dentaires et protège aussi la colonne cervicale. Quand on serre très fort les dents sur le protège-dents, tous les muscles du cou sont contractés, la nuque est alors verrouillée. Mais ce n’est pas un équipement obligatoire en France, seulement recommandé.

Propos recueillis par Afsané Sabouhi 

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